Construire des logements fonctionnels
Les premières étapes d’un projet de logement sont riches en possibilités. Qu’il s’agisse de construire un nouveau bâtiment ou de rénover un espace existant, c’est le moment idéal pour réfléchir à la neuroinclusion et à la manière dont les choix de conception réfléchis peuvent soutenir les personnes dès le départ.
Cette section propose des idées pour impliquer la communauté neurodivergente dans le processus, ainsi que des approches créatives pour concevoir des espaces partagés et personnels.
Thèmes de la section
En savoir plus sur le logement neuroinclusif
Établir très tôt des relations avec les personnes qui vivront sur place afin de recueillir leur avis
Inclusion : Le principe du « rien pour nous, sans nous » implique de consulter, d’écouter et d’impliquer en tant que coconceptrices les personnes neurodivergentes qui vivront dans l’espace.
Découverte : Nous avons appris que plus la voix des personnes neurodivergentes est prise en compte tôt dans le cadre d’un projet de construction ou de rénovation, plus il est facile de construire un domicile qui leur convient.
Conseil : Donnez aux gens l’occasion de partager leurs idées de différentes manières et plus d’une fois. Par exemple, vous pouvez organiser des forums publics récurrents, proposer des formulaires de rétroaction en ligne ou sur papier, organiser des séances de clavardage en personne ou mettre en place une ligne téléphonique réservée à cet effet.
Exemple : Des architectes nous ont mentionné qu’il était important d’impliquer les personnes neurodivergentes dès le début du processus de planification, afin que leurs expériences vécues puissent contribuer à façonner le projet.
« Nous veillons à consulter non seulement avec les groupes de client(e)s, mais aussi avec les personnes qui vont potentiellement vivre dans le bâtiment pour comprendre leurs expériences vécues, car celles-ci sont très importantes, n’est-ce pas? C’est similaire au principe du "rien pour nous, sans nous" ».
Cette consultation se fait à tous les stades d’un projet, de la planification à la construction en passant par la conception.
« Plus vous pouvez vous rattacher à l’expérience des individus, plus cela vous permet d’envisager d’autres choses… C’est vraiment une approche qui consiste à être ouvert à la rétroaction et à laisser cette rétroaction modifier nos actions. »
Ce processus a permis à l’équipe d’architectes de lier directement son projet à ce qu’elle a entendu de la part de la communauté.
Application : Consultez notre Modèle de courriel d’invitation à des consultations communautaires. Il donne un exemple de la manière d’accueillir les voix neurodivergentes et de prévoir des options accessibles pour soutenir la participation.
Proposez des visites pour faire découvrir l’espace physique
Découverte : Nous avons appris qu’une visite peut être particulièrement utile pour les personnes qui ont besoin de voir ou de se déplacer dans un espace afin de comprendre comment il pourrait leur convenir. Cela les aide à donner une rétroaction plus détaillée et plus concrète sur ce qui doit être modifié.
Conseil : Présentez un modèle ou un plan d’ensemble similaire si le domicile exact n’est pas disponible et expliquez les différences.
Conseil : Créez un guide pour les personnes qui feront visiter le domicile afin de mettre en évidence les caractéristiques importantes. Consultez les membres de la communauté neurodivergente pour connaître les caractéristiques pertinentes à présenter ou mettre en valeur.
Exemple : Un(e) locataire et un(e) architecte nous ont dit que les journées portes ouvertes et les visites sont un élément clé pour permettre aux gens de comprendre un espace et de s’y connecter.
Locataire : C’était plus qu’une simple visite. Elle offrait un aperçu de ce que serait réellement la vie dans cet espace. Au fur et à mesure que le/la locataire apprenait à mieux connaître la communauté, il/elle a décrit l’aide apportée par le propriétaire et les voisins, qui « m’ont fait visiter les lieux, m’ont parlé de la nature sécuritaire de la communauté, de la proximité du système de soins de santé » et ont répondu à toutes les questions sans hésitation.
Architecte : Les journées portes ouvertes ont pour but de s’assurer que la conception est accessible et compréhensible. L’architecte a souligné l’importance de faire l’expérience d’un espace de manière à ce que les gens puissent vraiment s’impliquer. Pour ce faire, il est préférable d’utiliser des outils tels que les modèles 3D et la réalité virtuelle au lieu des dessins traditionnels, qui sont difficiles à comprendre. Selon l’architecte, si les personnes pour lesquelles vous organisez des journées portes ouvertes ne savent pas lire les dessins, « il ne sert à rien de leur montrer un tas de dessins ».
Allez au-delà des codes du bâtiment en matière d’accessibilité et optez pour des choix de conception neuroinclusifs
Inclusion : Le respect des codes d’accessibilité de base n’est que le début. Il existe de nombreux autres choix de conception qui rendent les espaces plus inclusifs et plus accueillants. Examinez les plans actuels, réfléchissez aux personnes que ces plans pourraient tout de même exclure, puis songez à la manière d’adapter la conception pour la rendre plus accessible.
Conseil : Dressez une courte liste d’organisations ou de chefs de file en matière de conception qui se concentrent sur la neuroinclusion. Suivez-les sur les médias sociaux, abonnez-vous à leur infolettre et explorez leurs projets pour trouver de l’inspiration.
Conseil : Visitez des espaces où la conception neuroinclusive est réussie et prêtez attention à des éléments tels que l’éclairage, la signalisation, les entrées, les sorties, les espaces partagés, les zones calmes et la circulation dans l’espace.
Application : Consultez cette collection de Guides de conception pour le logement neuroinclusif que nous avons assemblée.
Discutez tôt de la neuroinclusion et maintenez le sujet à l’ordre du jour.
Découverte : Nous avons découvert qu’il est très facile de négliger la neuroinclusion. Il est nécessaire de discuter de celle-ci dès le départ et de ramener fréquemment le sujet dans les ordres du jour des réunions pour tout nouveau projet de construction ou rénovation de logements.
Conseil : Invitez les gens à examiner les plans du bâtiment ou des étages dès le début du processus, à analyser des éléments tels que l’agencement, l’éclairage ou la sécurité, et à noter ce qui leur semble bon ou mauvais. Ces notes peuvent donner lieu à une rétroaction plus utile et susciter de meilleures questions au fur et à mesure que les plans prennent forme.
Exemple : Lorsque nous avons parlé aux architectes à propos de la planification de la neuroinclusion, l’un(e) d’entre eux(elles) nous a dit qu’elle devrait se faire dès le début d’un projet. Cette personne a travaillé en étroite collaboration avec l’équipe d’ingénieur(e)s sur son projet afin de plaider en faveur de la neuroinclusion à chaque étape. Parce que l’implication de l’architecte a eu lieu tout au long du projet, la conception a pris réellement en compte la neuroinclusion, plutôt que de le faire seulement pour cocher une case sur une liste d’accessibilité.
L’architecte a consulté différents cadres de conception et lignes directrices en matière de neurodiversité afin de « mieux comprendre comment nous pourrions intégrer cet aspect dans notre processus, du début à la fin, plutôt que de déléguer ce travail à une tierce partie à certaines étapes seulement ».

Concevoir des espaces partagés
Qu’il s’agisse d’une maison partagée, d’un condo ou d’un immeuble à logements, les espaces communs tels que les couloirs, les terrasses, les piscines, les salles de sport, les cuisines et autres doivent être conçus avec soin pour procurer un sentiment d’aisance et une multitude d’options.
Voici quelques idées pour rendre les espaces partagés plus flexibles, plus calmes et plus accueillants, en permettant aux gens qui les utilisent de choisir comment et quand interagir avec autrui.
Assurez des champs de vision dégagés dans les espaces communs
Découverte : Nous avons appris que le fait de ne pas pouvoir voir ce qui se trouve devant soi, par exemple dans les coins ou les couloirs, peut provoquer un sentiment d’anxiété ou d’insécurité. Des champs de vision dégagés permettent aux gens de savoir à quoi s’attendre.
Conseil : Aménagez les zones très fréquentées, comme les entrées et les paliers d’ascenseur, avec des chemins de contournement ou des alcôves calmes munies de sièges afin que les gens puissent s’écarter de l’espace et ainsi éviter que celui-ci devienne bondé ou surstimulant.
Application : Consultez cette collection de Guides de conception pour le logement neuroinclusif que nous avons assemblée.
Facilitez les déplacements
Inclusion : Une bonne orientation favorise l’autonomie et réduit la charge cognitive, en plus d’aider les gens à se rendre à leur destination tout en se sentant plus en confiance lors de leurs déplacements dans un bâtiment.
Conseil : Concevez des allées avec une signalisation, un éclairage et un agencement clairs pour guider facilement les personnes vers les zones importantes comme les sorties, les ascenseurs et les toilettes.
Conseil : Utilisez une signalisation claire et uniforme. Réfléchissez à la taille, à l’emplacement, aux symboles et au contraste utilisés et assurez-vous d’employer un langage clair.
Conseil : Essayez de peindre des signes facilitant l’orientation, tels que des flèches, sur les murs ou les planchers. Il s’agit d’une stratégie simple et efficace qui est utilisée dans de nombreux contextes.
Conseil : Proposez des plans du bâtiment ou de l’étage à l’avance, afin que les gens puissent voir l’espace avant de se rendre sur place et ainsi se sentir mieux préparés et plus confiants pour s’y déplacer. Cela peut réduire le stress, en particulier dans les espaces vastes ou inconnus.
Offrez différents niveaux d’implication et de stimuli sensoriels
Inclusion : Les espaces partagés peuvent aider les gens à se sentir connectés entre eux, mais ce n’est pas tout le monde qui souhaite avoir des interactions sociales en permanence. Il est important de créer des environnements qui tiennent compte des différents niveaux d’aisance, besoins sensoriels et niveaux d’énergie.
Conseil : Concevez des espaces partagés, tels que des terrasses, des salles de sport ou des piscines, qui offrent autant la possibilité de tisser des liens que celle d’évoluer en toute tranquillité. Prévoyez des espaces de socialisation et des espaces de solitude, afin que les gens puissent choisir leur mode de participation.
Conseil : Établissez des périodes définies pour certaines utilisations précises des espaces, par exemple des périodes de faible luminosité, à capacité réduite ou ouvertes aux conversations libres.
Exemple : Nous avons discuté avec quelques concepteur(rice)s de la manière dont les accessoires et le mobilier pouvaient modifier les espaces en les rendant plus ouverts et sociaux ou encore plus privés.
L’importance d’avoir un mélange d’options pour s’asseoir a été soulevée. Un(e) concepteur(rice) a décrit un canapé modulaire qui se transforme en différents agencements en fonction des besoins des personnes et de l’espace.
On nous a également suggéré d’utiliser des jardinières, des pergolas ou des bancs pour créer une séparation naturelle entre les espaces sociaux et privés.
Application : Consultez nos Conseils pour la création d’espaces neuroinclusifs favorisant la participation pour obtenir des idées.

Concevoir des espaces personnels qui répondent aux besoins individuels.
Pour de nombreuses personnes neurodivergentes, les besoins sensoriels jouent un rôle important dans la sécurité, le calme et l’habitabilité d’un espace. Ces besoins varient d’une personne à l’autre et même d’un jour à l’autre.
Nous proposons ici quelques idées pour créer à domicile un environnement flexible dans lequel les personnes peuvent choisir et contrôler des éléments particuliers en fonction de leurs besoins.
Faites des choix réfléchis en matière de matériaux
Conseil : Facilitez le nettoyage en choisissant des matériaux et des finitions durables et faciles à nettoyer. Envisagez d’utiliser :
- Des appareils électroménagers et installations antitaches
- Des planchers non recouverts de tapis
- Des toilettes qui ne demandent pas de tirer la chasse d’eau plusieurs fois
- Des armoires avec organiseurs réglables
Conseil : Réduisez les fortes odeurs et améliorez la qualité de l’air. Envisagez d’utiliser :
- Des peintures qui ne libèrent pas de gaz dans l’air
- De bons systèmes de ventilation qui améliorent la circulation de l’air propre
- Des armoires et meubles fabriqués sans colle ni produits chimiques agressifs
Donnez aux gens la possibilité de contrôler leur propre éclairage
Découverte : Nous avons appris que de nombreuses personnes ont des besoins sensoriels liés à la luminosité, aux couleurs et aux types d’éclairage.
Conseil : Utilisez des fonctions réglables telles que des variateurs ou des ampoules intelligentes pour que les gens puissent choisir le niveau d’éclairage qui leur convient.
Application : Consultez notre menu d’options pour Modifier les espaces en fonction des besoins sensoriels, qui contient de nombreuses idées de petits changements peu coûteux qui rendent les espaces plus confortables et plus accessibles aux différents profils sensoriels.
Concevez en tenant compte du son et de l’acoustique
Conseil : Essayez de concevoir des matériaux tels que des panneaux acoustiques, du mobilier souple, de l’isolation ou des tapis pour réduire les échos et les bruits de fond.
Conseil : Essayez de coupler les appareils à des écouteurs ou à une prothèse auditive pour offrir un contrôle personnalisé du volume.
Application : Consultez notre menu d’options pour Modifier les espaces en fonction des besoins sensoriels, qui contient de nombreuses idées de petits changements peu coûteux qui rendent les espaces plus confortables et plus accessibles aux différents profils sensoriels.
Offrez des moyens de régler la température
Conseil : Utilisez des systèmes de chauffage et de climatisation par zones afin que les personnes puissent contrôler la température dans les différentes parties de la maison.
Conseil : Disposez de ventilateurs, de plinthes chauffantes ou de fenêtres qui s’ouvrent pour permettre aux personnes de mieux contrôler la circulation de l’air et la température.
Conseil : Placez des crochets un peu partout dans la maison pour que des couches de vêtements supplémentaires soient toujours à portée de main en cas de besoin.
Application : Consultez notre menu d’options pour Modifier les espaces en fonction des besoins sensoriels, qui contient de nombreuses idées de petits changements peu coûteux qui rendent les espaces plus confortables et plus accessibles aux différents profils sensoriels.